« Prévention en santé 2023-2027 », les infirmiers libéraux éternels absents et pour cause !
Dans un communiqué laconique du 12 avril, la FNI informe qu’elle soutient une feuille de route 2023-2027 proposée par Cyrille Isaac-Sibille, médecin ORL et Député du Rhône Franck Chauvin, Professeur de santé publique et Xavier Iacovelli, Sénateur, lors de la deuxième journée parlementaire « Prévention en santé ». Un soutien pour le moins inattendu pour des propositions en matière de prévention chez les séniors visant expressément à promouvoir le rôle des SSIAD, des PSAD, des pharmaciens et des aides -soignantes, mais jamais celui des infirmiers libéraux !
Par communiqué de presse le même jour, la Fédération des Prestataires de Santé à Domicile (PSAD) salue la reconnaissance dans ce rapport du rôle de ces entreprises en matière de prévention en ces termes « Le document reprend des contributions, portées par la FédéPSAD durant les travaux auxquels elle a participé, et notamment la reconnaissance du rôle des PSAD dans la prévention en faveur des personnes âgées ». Elle précise par ailleurs « Une autre mesure, qui figurait déjà parmi les propositions de la FédéPSAD pour l’élection présidentielle 2022, y est reprise : l’identification des prestations PSAD dans la liste des produits et prestations, leur permettant ainsi de participer au programme ICOPE » (Integrated Care for Older People, ou programme de soins intégrés pour les personnes âgées) ». En clair, un pas en avant qui permettrait de faire évoluer ces prestataires de « services » vers un statut de prestataires de « soins ».
Quelques mesures phares de cette feuille de route soutenue par la FNI
Valoriser le rôle des services à domicile dans le repérage des fragilités : identifier légalement les PSAD comme des acteurs de prévention, permettre aux professionnels de santé salariés des PSAD d’intervenir dans le champ de compétences dévolu par leur diplôme et étendre la nature des missions PSAD par l’identification de prestations dans la liste des produits et prestations (leur permettant de participer au programme ICOPE).
Intégrer un forfait SSIAD pour financer la prévention de la perte d’autonomie à domicile.Les budgets alloués aux établissements et services médicosociaux ne prennent pas suffisamment en compte le temps passé et les actions mises en œuvre pour prévenir la perte d’autonomie.
Identifier les pharmacies comme un des acteurs de la prévention avec des entretiens pharmaceutiques spécifiques et les consultations aux âges clés de la vie.
Assurer le repérage des personnes âgées « à risque » en ville (SPASAD) et une sensibilisation, en amont, des professionnels aux facteurs de risques de la dénutrition et au repérage de la dénutrition et audition.
Former au Diplôme d’aide-soignant avec un niveau BTS « prévention ».
Réaliser un diagnostic du domicile par un ergothérapeute afin de réduire les zones à risque de chute au domicile.
Créer un statut de kinésithérapeute coordinateur dans les Ehpad et l’HAD.
Une absence totale de contributions des représentants des infirmiers à ce rapport
Une longue liste de contributeurs est en effet annexée à ce rapport parmi lesquels figurent les syndicats de médecins (CSMF et MG France), de pharmaciens (FSPS et USPO), de masseurs-kinésithérapeutes (FMKR), d’orthophonistes (FNO), de biologistes ainsi que l’ordre des pédicures podologues.
Par contre, force est de constater que les auteurs du rapport ne font mention d’aucune contribution émanant des syndicats représentatifs des infirmiers, pas plus que de leur ordre national. Ce triste constat n’est certainement pas sans lien de causalité avec le fait que les IDEL sont encore une fois les parents pauvres de ce rapport.
La FNI qui était présente à la restitution de la feuille de route à laquelle elle apporte son soutien, se justifie par communiqué de presse en précisant qu’elle « produira des propositions qui visent à enrichir le projet ». Le SAIIL craint fort qu’il soit un peu tard pour rectifier le tir, le rôle essentiel des IDEL en matière de prévention chez les séniors étant déjà gommé dans le rapport présenté lors de la journée parlementaire, notamment au profit des structures médico-sociales, des PSAD et des pharmaciens.
Caroline Dewas, présidente