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Expérimentation du suivi à domicile des chimiothérapies orales, c’est (mal) parti !

Le 31/10/2021
Expérimentation du suivi à domicile des chimiothérapies orales, c’est (mal) parti !

Expérimentation du suivi à domicile des chimiothérapies orales, c’est (mal) parti !

La Direction de la Sécurité Sociale (DSS) et la Direction de l’offre de Soins (DGOS) avaient lancé fin 2020 un projet d’expérimentation à grande échelle sur 33 mois de suivi des patients à domicile sous anticancéreux oraux, un arrêté  est paru au journal officiel le 9 décembre 2020.

Cette expérimentation inscrite dans le dispositif article 51 et qui dispose désormais de son  cahier des charges  a débuté le 1e octobre 2021 avec 45 sites expérimentateurs en France métropolitaine. Au total, 14 855 patients devraient être inclus, pour un budget provisionnel total s'élevant à 33,63 millions d'euros.

Quels objectifs, pour quels patients ?

L’objectif de ce projet est double : améliorer la qualité du suivi des patients sous thérapies orales à domicile et baisser la consommation des soins et des biens médicaux liés aux complications et suivi du traitement de ces patients.

L'expérimentation concerne tous les patients atteints de cancers solides et hématologiques sous traitements anticancéreux oraux hors hormonothérapie adjuvante qui sont suivis à domicile. Considérés comme des cas complexes, les patients suivis en HAD sont exclus de ce dispositif. Le mode de financement est construit en trois séquences, l'initiation du traitement qui dure environ un mois, la deuxième correspond à 3 mois renouvelables pour le suivi proximal des patients et la dernière est d’une durée de 6 mois renouvelable pour un suivi distal des patients stabilisés.

Quelle implication des IDEL dans ce projet ?

Le circuit pluriprofessionnel de suivi prévoit une évaluation tripartite obligatoire sous forme de concertation entre pharmacien hospitalier et pharmacien d'officine avant la dispensation du médicament ainsi qu'une concertation entre médecin traitant et une infirmière coordinatrice du centre d’oncologie (IDEC) en début de chaque séquence. On notera que les services ministériels n’ont pas choisi d’associer les IDEL à ce stade. Le SAIIL l’interprète comme une méconnaissance des décideurs du contexte des soins de ville et de la plus-value qui aurait pu être apportée par notre intégration dès l’initiation du traitement, prioritairement sur la cible des patients présentant des signes de fragilité ou cumulant d’autres pathologie chroniques.

La primo-dispensation pourra être réalisée en ville, sauf pour les médicaments sous réserve hospitalière et le suivi des effets indésirables devra autant que possible intégrer les outils numériques, dont l'intérêt a été démontré par un essai randomisé (CAPRI) conduit par le centre Gustave-Roussy.

La surveillance sera coordonnée par l'IDEC avec l'aide du pharmacien d'officine (ou hospitalier) pendant la phase proximale puis par le pharmacien d'officine, le médecin traitant et l'infirmière libérale pendant la phase distale.

Là encore le SAIIL ne peut que déplorer que les IDEL ne semblent n’être associés au dispositif que dans la phase de stabilisation mais surtout très à la marge. En effet, le texte paru au JO prévoit de façon on ne peut plus laconique que « l’infirmier libéral pourra être associé, s’il est présent ».

Un mode de rémunération faisant la part belle aux pharmaciens

L’expérimentation propose de déroger aux règles de financement de droit commun, en l’occurrence le paiement à l’acte pour les professionnels libéraux, « afin d’encourager le partage d’honoraires entre les différents professionnels impliqués en ville et à l’hôpital pour inciter leur implication dans la coordination. » selon le cahier des charges.

Concernant les pharmaciens, leur rôle est clairement défini ainsi que leurs rémunérations forfaitaires (de 121€ à 306 €) pour réaliser des entretiens patients hebdomadaires et échanger les données recueillies avec les infirmières coordinatrices de l’hôpital. Là encore c’est faire fi des données d’observance qui pourraient être recueillies en temps réel par les IDEL et partagées rapidement grâce aux outils numériques.

Pour prendre la mesure du rôle très accessoire concédé aux IDEL par le dispositif, il suffit d’observer que le budget de cette expérimentation (33,63 M€) ne définit clairement aucun partage d’honoraires avec notre confrérie.

Si l’objectif de cette expérimentation est clair, les leviers pour l’atteindre restent pour le SAIIL discutables. Proposer aux malades les plus complexes un suivi grâce à une plateforme animée par une infirmière coordinatrice hospitalière via une hotline ouverte du lundi au vendredi de 9h à 17h ne permettra pas d’agir efficacement sur l’observance sans les infirmiers libéraux qui sont les derniers professionnels de santé organisés pour être présents tous les jours à domicile sur une large amplitude horaire. Affaire à suivre !

Caroline Dewas

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